• Exister sans barrière et sans raison, comme débout sur la pointe des pieds avant de tomber, survivre pour l'aspiration libre, un vent furieux nous échappant pour unique guide, inventer autre chose, se parcourir ailleurs ; maintenant et ici le reste du temps. J'aspire à l'improbable rapprochement de l'augure soumis à celle d'une folle illusion, six pieds sous terre ou mille lieux vers les cieux. Enceinte d'un enfant maudit, nous tous puant l'outrancière maladie, immonde et contagieuse de la lueur dans l'obscurité la plus totale. Exclus, toujours exclus, loin, partis, échappés ! Jouissants et peinés, des émotions s'il en existe. Le reste, s'en soucier, à quoi bon ? Le sens n'en a plus lui-même. Esseulés ! Voilà ce qui s'inscrit dans le souvenir de ce qu'il advient de nous ; du vide.

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  • Je suis affublé d'angoisse non sans raison, délicatement entamé comme le serait la respectable chair de quoi que ce soit, puis vite ingurgité en guise de répit. Ma gorge accueille en bon hôte quelques morceaux affûtés d'un tranchant responsable du mal qui la saigne. J'étouffe. La pâleur gagne mes membres eux-même investis par le souffle glacial empreint de rigueur d'une force irrésistible. Je sombre. L'instabilité présageant la fin proche semble s'octroyer le privilège de m'envahir et voilà que tout mon corps dans l'émoi le plus fidèle, s'engage vers le sens du repos. Je l'accepte. Je prends plaisir à savourer les moments dans lesquels j'interagis avec la mort certaine, épris d'un certain désir à son égard, je nous souhaiterais prendre le temps de nous apprivoiser l'un l'autre avant toute chose. J'entretiens ce souvenir dans mon esprit alors que la corde finit de me balancer devant chacun d'entre eux, immobile, l'attribut masculin laissant transparaître son dernier soubresaut ridicule, tel un clin d'œil à celle qui ne saura manquer de m'engloutir, comme chacun de ceux pour qui un jour, sonnera le glas.

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  • A toi, la désavouée,



    Je voudrais qu'on s'écrive tous les deux, simplement avec nos mots, d'après nos maux. Rapproche-toi encore, je ne souhaite pas m'égosiller d'hardiesse dans ce message que je t'adresse, ni que tu ne me laisses désespéré, nu et affaibli dans mes ruines, qu'importe la prouesse. J'aimerais reposer sur toi, même en rêve dès lors que mes dires m'auront libéré. Je les vois ainsi t'investissant dans leur pureté et toi les dégustant sans t'en douter. Nous serions ici et là, détruits l'un pour l'autre, hors de nous, malades, incapables de rien. Mais nous n'en saurons jamais rien et nous n'aurions été que les simples victimes d'une dérive silencieuse, impromptue. Alors vivons notre devenir, ensemble cette fois, existence perfide, et moi l'infame au travers de notre renaissance, d'un "chacun pour soi, chacun pour l'autre".


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  • J'avais descendu les escaliers de cet immeuble, accueillant ma visite régulièrement sentimentale de jeune transit, je venais de maltraiter la lourde porte, dernier rempart avant le dehors, et je repris contact brutalement avec la réalité de l'endroit. Ici-bas, des tours à perte de vue, voir à leur perte tout court, froides et austères. La vie grouille, surtout d'indifférence, de nonchalance, d'imposture, d'anonymat mais moi je me balade impunément dans le quartier de mon matin, les sens en éveil. J'endure le froid, la faim, le sommeil mais je sais que ça peut aller par-delà. Justement, je comptais y aller ; par-delà. Je m'engouffre alors en sous-sol pour emprunter le transport des riches et des pauvres, enfin surtout des pauvres. Parfois, la fibre sociale s'effrite et chacun en pâtit. Quiconque eut pu s'en octroyer les vertus humanistes en pensant à la misère, la mendicité, même infantile, mais qu'en est-il lorsque la petite main frotte le pantalon propre et conforme des honnêtes citoyens? Ça décale et ça décade ; des nuques honteuses, des regards dans les chaussettes du voisin de malheur, des silences en plomb, des coups de matraque dans les restes de ce qui n'est plus aujourd'hui, qu'habituel. Encore un cauchemar dont on ne se réveille pas complètement, encore que, j'ai parfois des doutes. Saleté de doutes.

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  • Morceaux par morceaux, tout bascule ; des feuilles orphelines soufflées par un vent assassin au froid ravageur poussant la vie par le fond. Les senteurs légères apprivoisent encore pour quelques temps la curiosité de tout un monde. Couleurs par couleurs, se déclinent la funeste fin de la saison lumineuse, de la chaleur outrancière. La mort s'est invitée dans nos rangs chaotiques de francs camarades et nous récite ce poème glacial intimidant et coutumier. L'habitude n'efface pas pour autant le chagrin récurrent d'un moment fort où l'automne nous gagne, petit à petit, sans rien d'étonnant mais tellement pourtant.

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