• Les mains.

    Ce matin, comme chaque jour en arrivant dans mon bureau, j'ai traversé ce couloir et passé en revue une série de mains qu'il m'a fallu serrer comme l'entend un vieux rituel qui nous est commun dans cet endroit. Si tout à coup l'on s'intéressait à l'histoire de cette main que je m'apprête à saisir. Entre les portes qu'elle a ouvertes, elles-mêmes empoignées à la guise de leurs visiteurs, maintes et maintes fois, le gobelet en plastique de la machine à café, le volant de la voiture, le trousseau de clefs, le clavier de l'ordinateur, le luxueux manteau, le respectable digicode de l'entrée de l'immeuble, et les autres mains qui connaissent elle-même un sort sembable, des mains masculines, des mains féminines, comment s'y retrouver, comment savoir? Dès le lever et puis sans cesse, la main se salit en touchant notre intimité, chaque fois l'envie encore inassouvie, le besoin insatisfait. Une fois souillée, elle reçoit une eau purifiante, du savon, les meilleures fois, puis on referme ce robinet malpropre, pour s'en aller s'essuyer tant bien que mal, et sortir, en ouvrant une porte, toujours une porte, puis se blottir contre une autre main lorsque l'occasion se présentera. Surtout ne me montrez jamais vos mains et n'insistez pas sur votre façon de vous en servir ou de vous en desservir, regardez-moi dans les yeux puis oubliez cette histoire et tout ira bien.

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